Né en 2016, « Les Mardis de la contemporaine » est un séminaire porté par des chercheurs du Centre de recherche bretonne et celtique (EA 4451). Il se veut un lieu d’apprentissage, de réflexion et d’échange sur une thématique abordée dans une perspective interdisciplinaire. Cette thématique, choisie pour une durée de deux ans, fait l’objet de neuf à dix rencontres réunissant des chercheurs, des doctorants, des étudiants en master et tous ceux qui y sont intéressés.
Organisé en deux grandes sessions (ancrage disciplinaire et théorique / objets), le séminaire a pour but de passer une thématique au crible de questionnements qui s’ignorent quelquefois en raison du positionnement scientifique des chercheurs qui s’y consacrent.
« Outillages : ces objets qui résistent »
Atelier n° 5
L'invité de la séance du 3 décembre 2024 sera :
- Stéphane Beaud, professeur de sociologie, Ceraps, Lille
"Penser par traces en sociologie : le cas d'une étude d'un bref questionnaire de réception"
Il fut un temps, assez long, où une épistémologie positiviste imprégnait assez fortement l’outil méthodologique qu’est le questionnaire en sociologie. Cette épistémologie, largement implicite, était sous-tendue par la force et la « magie » du chiffre comme argument irréfutable d’administration de la preuve. Pour des raisons propres au travail d’enquête ethnographique, des anthropologues et des sociologues ethnographes n’ont quant à eux cessé, depuis vingt ou trente ans, d’explorer la question de la relation d’enquête - selon l’âge, le sexe et les caractéristiques sociales des enquêteur/rices et des enquêté(e)s, etc. – au cœur du travail ethnographique. Du côté de la production des enquêtes statistiques, une nouvelle génération de chercheurs, qui s’est confrontée à la question pratique des usages des méthodes « quanti/quali », a développé d’autres réflexions méthodologiques sur le mode de production des enquêtes quantitatives, en particulier sur le questionnaire - ses modalités de passation, la relation sociale entre le « questionneur » et les répondants ou les ambiguïtés de sa réception par les répondants (et leurs effets sur les résultats statistiques obtenus).
De manière sans doute plus limitée, nous nous donnerons comme objectif, dans cette séance de séminaire, de réfléchir à tout ce qui semble se jouer « entre les lignes » d’un questionnaire, à la faveur de la passation en classe d’un court questionnaire de deux pages auprès de centaines de lycéens de France. Ces diverses passations, qui ont eu lieu au cours des trois dernières années, faisaient immédiatement suite à une conférence de 1H30/45 ayant pour but de présenter en détail le livre La France des Belhoumi (La Découverte, 2018). Plus précisément, il s’agira surtout de prêter attention à toutes les formes d’expression dites en creux ou à demi-mot, d’hésitations, de ratures, de petites autocensures qu’on peut repérer et retrouver à l’état brut dans ces formes d’« écriture ordinaire » qui se trouve à l’œuvre dans ces questionnaires d’élèves. On fait ici le petit pari de considérer que cet « entre les lignes » du questionnaire, permet de donner à voir l’équivalent de ce que les historiens ont coutume d’appeler une « pensée par traces » |LS|Prost, 2000|RS| qu’il s’agit de décrypter à la lumière de cette épreuve sociale et symbolique que constitue l’acte de répondre par écrit à un questionnaire (qui plus est, passé par le conférencier/universitaire du jour).
Atelier n° 4
Les invités de la séance du 19 mars 2024 sont :
- Michèle Baussant (ISP) et Maria Couroucli (EHESS) : « Déplacements, mémoires et temps »
Atelier n° 3
Les invités de la séance du 23 janvier 2024 (en visio) sont :
- Nicolas Adell, (LISST, université de Toulouse), Voie sans issue, continuez tout droit. Ethnologie, amour et poésie
- Jérôme Meizoz, (université de Lausanne), Le « vernaculaire », un objet qui glisse entre les doigts
Atelier n° 2
Le 19 septembre 2023 (UFR Lettres et Sciences humaines, salle des conseils, C219)
- Muriel Darmon (CESP, EHESS), Des « objets étrangers » : quels outils pour travailler en sociologue sur l’anorexie ou les accidents vasculaires cérébraux ?
- Frédéric Keck (LAS, EHESS), Approcher la santé globale à partir des territoires sentinelles : de la grippe aviaire à Hong Kong aux microbes dans les baobabs au Sénégal.
Atelier n° 1 :
10 janvier 2023, 14 h (UFR Lettres et Sciences humaines, B001)
Michel Naepels (directeur d'études à l'EHESS - CEMS) : « Trouver un refuge : anthropologie politique et violence »
« Croyance(s) : où en sont les sciences sociales ? »
Après un long focus (2016-2018) dédié à la tradition, le fil rouge retenu pour les années 2018-2021 porte sur la croyance. À l’instar de la première, la croyance fait partie de ces notions dont la présence dans la langue la plus courante invite à présupposer l’évidence de sa signification tandis qu’elle est, en fin de compte, enveloppée dans une nébulosité sémantique. Derrière l’évidence, il y a donc l’énigme. Comme souvent. Que le mot renvoie plus ou moins implicitement à l’opinion ou à la foi, qu’il ressortisse, au pluriel, à ces cadres mentaux qui, dès la naissance de l’ethnologie (cf. Arnold Van Gennep, Coutumes et croyances populaires en France, 1924), apparaissaient tels des traits offrant de déterminer les contours d’une société, qu’il se décline dans des contenus ou dans des pratiques ne saurait le condamner toutefois à n’être qu’un passe-partout commode.
Comme tout terme dont la charge est à la fois évasive et catégorique, la croyance appartient à ce lexique dont s’emparent les sciences sociales pour le dépouiller des sens communs aux fins de rendre compte du fonctionnement des sociétés. Le cadre de ce séminaire doit servir à échanger tout autant sur ce qui constitue « l’acte de croire » que sur le contenu des croyances. Crédits accordés à la/aux croyance(s) et bénéfices attendus, distribution inégale de la/des croyance(s) en fonction des groupes sociaux, objets investis selon des processus qui soulignent combien les croyances ont leur historicité dont il convient d’objectiver, autant que faire se peut, les processus qui les rendent imaginables, production de représentations – à visée quelquefois hégémonique – qui s’adossent à ce qui « fait certitude », rôle tenu par les croyances dans l’intellection du monde, compétences liées au « fait de croire » : et si nous « pren|LS|ions|RS| la croyance au sérieux », ainsi que plaide Pierre Lagrange (« Pourquoi les croyances n’intéressent-elles les anthropologues qu’au-delà de deux cents kilomètres ? », Politix, n° 100, 2012, p. 201-220), à la suite d’Alain Boureau.
Atelier n° 8 : 29 mars 2022, 14 h (séminaire en ligne)
Nathalie Luca (CéSor, EHESS) : « Entreprendre : un acte de foi, un croire en acte »
Lionel Obadia (LAHRA, Université Lumière Lyon 2) : « Théories de la croyance et machines intelligentes : des théories classiques à la révolution digitale, continuités et/ou ruptures ? »
Atelier n° 7 : 8 mars 2022, 14 h 30 (séminaire en ligne)
Eric Agrikoliansky (IRISSO, Université Paris Dauphine-PSL) : « À quoi croient les électeurs ? »
Atelier n° 6 : mardi 16 mars 2021, de 14 h à 16 h (format hybride présentiel et visioconférence)
Giordana Charuty (EPHE, IIAC UMR 8177) : « Les arts de l’existence au temps de la Science : perspectives analytiques en Europe occidentale »
Atelier n° 5 : mardi 24 novembre 2020, de 14 h à 16 h 30 (en visioconférence)
Marie Vannetzel (CEDEJ, CNRS) : « Les islamistes, des croyants qui échappent à la sociologie ? »
Nicolas Balzamo (Institut d’histoire, Université de Neuchâtel) : « Le Moyen Âge, un âge de la croyance ? Réflexions autour d’un stéréotype »
Atelier n° 4 : mardi 21 janvier 2020, de 15 h à 17 h 30, salle B001.
Anne Muxel (directrice de recherche, CEVIPOF-Sciences Po) « Les jeunes générations et la politique : confiance, croyances, idéologies ».
Grégory Delaplace (maître de conférences, LESC-Université Paris Nanterre) « Les intelligences particulières. Habiter dans les maisons hantées de l’Angleterre de l’après-guerre ».
Atelier n° 3 : mardi 26 novembre 2019, de 14 h à 17 h, salle B001.
Guillaume Cuchet (professeur d'histoire contemporaine à l'université Paris-Est-Créteil, CRHEC) : « La croyance dans le champ de l'histoire religieuse contemporaine : réflexions sur un objet problématique »
Atelier n° 2 : Initiation 2 (atelier annulé), mardi 26 mars 2019, de 14 h à 17 h.
Jeanne Favret-Saada (directrice d'études à l'EHESS) : « Le désorcèlement bocain sans hochets conceptuels »
Atelier n° 1 : Initiation 1, mardi 29 janvier 2019, de 14 h à 17 h.
Elisabeth Claverie (directrice de recherche au CNRS, GSPM) : « Apparaître, un mode d’existence »
Pierre Lagrange (laboratoire interdisciplinaire d'études sur les réflexivités - LIER) : « Pourquoi les croyances situées à moins de 200 km présentent-elles un intérêt particulier ? »
« La tradition : quoi de neuf ? »
La thématique retenue pour les années 2016-2018 est « la tradition ». Au cœur de certaines réflexions au sein des sciences sociales dans les années 1960-1990, elle ne semble susciter aujourd’hui qu’un intérêt modéré de la communauté scientifique. Ainsi en va-t-il de ces thématiques (la culture matérielle, les relations entre culture savante et culture populaire) qui, après avoir suscité des travaux abondants et fréquemment stimulants, sont laissés en jachère au motif qu’elles seraient « dépassées » ou que tout aurait été dit à leur sujet.
Qu’elle ait été au cœur d’une œuvre (Jean-Michel Guilcher) ou qu’elle ait traversé la production scientifique de certains chercheurs (Gérard Lenclud, Jean-Louis Briquet, Marcel Gauchet) émargeant à diverses filiations intellectuelles et disciplinaires, « la tradition » continue de fournir, à ce qu’il nous semble, un terrain propice à des interrogations qui peuvent porter tout autant sur les investissements différenciés du concept de tradition (nombre de folkloristes se qualifièrent par exemple, à la fin du 19e siècle, de traditionnistes ; la tradition, parent délaissé dans le diptyque historiographiquement daté archaïsme/modernité ; la tradition comme opérateur de distinction entre l’ethnologie de la revue Arts et traditions populaires et celle d’Ethnologie française) que sur la tradition en tant que catégorie d’analyse (tradition et réaction, tradition et transmission, tradition et rupture de la tradition...).
Outil visant à une certaine intelligibilité de situations et de pratiques, prisme à spectre large dont les raffinements définitionnels participent à la construction dudit outil, « la tradition » offre de faire converger problématiques et suggère de lire en creux des objets connexes. Du moins sont-ce là le pari initial et de très menues suggestions qui entendent définir le cadre général des Mardis de la contemporaine.
Atelier n° 1 : Ce que les ethnologues font de la tradition, mardi 15 mars 2016, de 14 h à 16 h 30.
Christian Bromberger (Université Aix-Marseille, IDEMEC) : « La tradition en ethnologie : de l'engouement à l'analyse critique »
Nicolas Adell (Université Toulouse-Le Mirail, LISST-Cas) : « La tradition, naufragée de la culture »
Discutant : Jean-François Simon (UBO, CRBC)
Atelier n° 2 : Ce que les sociologues font de la tradition, mardi 3 mai 2016, de 14 h à 16 h 30.
Danièle Hervieu-Léger (EHESS, CARE) : « La puissance de la lignée croyante : religion, mémoire, tradition »
Gilles Laferté (INRA, CESAER) : « La tradition pour vendre, des produits de terroir au patrimoine ethnologique »
Discutant : André Rousseau (UBO, CRBC)
Atelier n° 3 : Ce que les politistes font de la tradition, mardi 15 novembre 2016, de 14 h à 16 h 30.
Marie-Claire Lavabre (Université Paris Ouest - Nanterre La Défense, ISP) : « Mémoire et/ou tradition ? Reconduction du passé et reconstruction du passé »
Jean-Louis Briquet (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, CESSP) : « Les avatars de la tradition. Clientélisme et politisation en Corse aux XIXe et XXe siècles »
Discutant : Sébastien Carney (UBO, CRBC)
Atelier n° 4 : Ce que l'histoire / la sociologie de l'art fait de la tradition, mardi 17 janvier 2017, de 14 h à 16 h 30.
Nathalie Heinich (EHESS, CRAL) : « La Tradition, entre régime de communauté et régime de singularité »
Béatrice Joyeux-Prunel (ENS, IHMC) : « Tradition de l’innovation, nouveauté de la tradition.
Et si l’on sortait d’une lecture temporelle de l’art moderne et des avant-gardes ? »
Discutant : Florent Miane (UBO, CRBC)
Atelier n° 5 : Qu'est-ce qu'une tradition intellectuelle ? (1), jeudi 23 mars 2017, de 14 h à 16 h 30.
Christophe Charle (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, IHMC) : « Comment naît une tradition ? La consécration du canon de l'opéra et de la musique classique au XIXe siècle »
Jean-Louis Fabiani (EHESS, CESPRA) : « Peut-on parler de tradition intellectuelle ? Un essai de comparaison entre l'École de Chicago et l'École durkheimienne en sociologie »
Atelier n° 6 : Qu'est-ce qu'une tradition intellectuelle ? (2), mardi 10 octobre 2017, de 14 h à 16 h 30.
Michel Offerlé (professeur de science politique à l'École normale supérieure) : « La socio-histoire : habiter des héritages »
Jacques Revel (directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales) : « La micro-histoire : variations autour d'une proposition »
Discutant : Laurent Le Gall (professeur d'histoire contemporaine, UBO, CRBC)
Atelier n° 7 : Catholicisme et tradition, mardi 5 décembre 2017 de 14 h à 17 h.
Sylvain Milbach (maître de conférences HDR d'histoire contemporaine à l'Université Savoie Mont Blanc) : "Le traditionalisme (Révolution-1855), une idée neuve en catholicisme"
Yann Raison du Cleuziou (Maître de conférences en science politique, Université de Bordeaux) : "Des fidélités concurrentes. La mise en crise de la Province dominicaine de France (années 1960-1970)"
Discutants : Frédéric Le Moigne (maître de conférence d'histoire contemporaine, UBO, CRBC) et Yvon Tranvouez (professeur émérite d'histoire contemporaine, UBO, CRBC)
Atelier n° 8 : Qu’est-ce qu’une tradition nationale ?, mardi 6 février 2018, de 14 h à 17 h.
Anne-Marie Thiesse, directrice de recherche CNRS, Pays germaniques (UMR 8547) : "Les traditions dans les constructions nationales"
Emmanuel Lozerand, professeur de langue et littérature japonaises, Centre d'études japonaises (EA 1441) : "Le zen : une tradition religieuse japonaise ?"
Discutante : Mannaig Thomas (maître de conférences en littérature de langue bretonne, UBO, CRBC)
Atelier n° 9 : Restitution du séminaire, mardi 4 décembre 2018, de 14 h à 17 h.
"Ce que nous avons cru comprendre de la tradition (Mannaig Thomas et Laurent Le Gall, enseignants-chercheurs à l'UBO, CRBC)
Discutant : Nicolas Mariot, directeur de recherche CNRS, CESSP (UMR 8209)