Le Président de l’UBO a présenté le 15/12/2023 son projet d’EPE (Établissement Public Expérimental), voir ici. Il s’est voulu très rassurant : l’EPE ne changerait rien ou presque pour l’UBO, et il "n’est pas aussi dangereux qu’on veut le faire croire".
L'intervention du Président révèle cependant bien des points d’ombre qui ne nous rassurent absolument pas. Une fois l'Université transformée en EPE, tout deviendra possible pour le meilleur comme pour le pire :
1/ Statuts de l'EPE ?
Le Président affirme que les futurs statuts de l’EPE seront quasiment un copier/coller de ceux de l’UBO. Il concède cependant qu’avec un EPE ". Pour nous, le problème essentiel ne réside pas dans les statuts tels qu’ils seront posés à la naissance de l’EPE (statuts initiaux), mais dans l’existence ou non de garde-fous pour ne pas glisser ultérieurement vers des statuts inacceptables. En effet, autant une université a des garde-fous (le code de l’Education), autant les statuts d’un EPE se modifient très facilement (rien ou presque ne cadre un EPE et l’instance décisionnaire peut les modifier à volonté). La seule assurance que nous ayons est… de croire, sur parole, notre Président, et de croire ou d’imaginer que ses successeur·es (quel qu'il/elle soit) conserveront la même orientation. Concrètement : nous n’avons strictement aucune garantie, qu’à court ou moyen terme, l’EPE ne devienne pas un établissement très différent de l’UBO et de son fonctionnement actuel fondé sur la culture universitaire. Dire le contraire serait un doux rêve naïf.
Mais surtout l’EPE intègrera un "Comité stratégique", ce qui modifiera complètement le cadre des décisions sur les objectifs et moyens alloués en terme de recherche et d’enseignement.
2/ Comité Stratégique ?
Qu’offre l’EPE comme structuration différente de l’UBO actuelle ? Le Président a indiqué au début de sa présentation que "si on pouvait se passer de l’EPE on s’en passerait.". mais il considère que, via le projet Blue Inn, l'UBO est apparue comme le leadership du territoire brestois. Ainsi, l’EPE permettrait de structurer cela. Pour se faire, un "Comité stratégique" se créerait au sein de l'EPE. Ce "Comité stratégique" se composeraitqui passeraient des conventions avec l’UBO.
Même si l’EPE conserve initialement les instances telles qu’elles existent à l’UBO aujourd’hui, ce "Comité stratégique" pourrait modifier complètement le cadre statutaire actuel. La stratégie de l’EPE ne serait donc pas définie par le CA de l'UBO et ses objectifs seraient définis par ce "Comité stratégique" dont les membres seraient en grande majorité extérieurs à l'EPE (mais liés par des conventions, potentiellement : CHU, SHOM, IFREMER, CNRS, INSERM, IRD, ENSTA, IMT, EN). Difficile dès lors d’imaginer que la future stratégie de l’EPE ne suive pas les orientations du projet Blue Inn : un EPE orienté essentiellement et définitivement vers la mer.
3/ INP (Institut National Polytechnique)
Le futur INP sera là pour créer un pôle d'ingénierie concurrentiel, avec "la marque INP" qui deviendrait "attractive". Dès lors une question se pose : qui intègrera l’INP ? L'EPE connaitrait une "période d'expérimentation" (pour "voir" qui, au sein de l’UBO, pourrait rejoindre l'INP et donc sortir de l'UBO : vraisemblablement des "bouts" de la fac de Sciences, mais aussi au-delà d’après les propos du président. Bref, l’EPE sera la porte ouverte à des restructurations majeures. Ces restructurations ne seront pas sans conséquences pour les personnels concernés, notamment en termes de mutualisation des moyens et des ressources.
4/ Mutualisation
Le président est resté très flou, mais l’idée générale émerge : "il faut se poser la question des moyens humains, faut-il tout avoir en doublon sur les fonctions support ? Question ouverte". La réponse semble comprise dans la question. L’EPE entrainerait des mutualisations, donc de la mobilité pour des collègues et peut-être des suppressions de postes.
De plus, si l’EPE a passé des conventions avec d’autres organismes, ces conventions pourraient autoriser le transfert de ressources et moyens entre établissements partenaires au-delà de l’INP.
5/ Agenda
Là aussi c’est le flou. Nous savons seulement que "des navettes commenceront avec le ministère en février", c’est-à-dire que le président actuel, élu pour gérer l’intérim jusqu’aux prochaines élections, nous entraine vers l’EPE sans que la communauté ne puisse donner son avis,