Responsables :
C. Conan, K. Page-Jones
Ce projet souhaite interroger la persistance d’un imaginaire océanique dans la culture maritime des régions de la frange celtique et des pays scandinaves et les influences de cet imaginaire et des représentations maritimes (esthétiques, littéraires, culturelles…) sur le milieu marin, les pratiques sociales et les logiques de consommation.
Comme Roland Barthes l’a démontré à propos du sucre, une autre logique que celle purement économique ou politique peut présider à l’étude des modes de consommation. Tout un imaginaire, lié au goût, à des valeurs, des émotions et affects, sous-tend l’appréhension d’une substance alimentaire. D’autre part, dans son ouvrage The Political Ecology of Things, Jane Bennet envisage à la fois l’impact de l’imaginaire sur l’acte de consommer mais également le pouvoir d’action (« agency ») des aliments qui deviennent, ou redeviennent, matière vivante au contact d’un organisme ou d’un environnement.
L’individu, et la matière qu’il consomme, deviennent tous deux des composants actifs et efficients dans un système qu’elle nomme « non-linear assemblage ».
Ce projet, qui s’inscrit dans le vaste champ des humanités environnementales, examinera, à travers les récits et les mythes marins, les contes, le folklore et les arts, les forces structurantes de cet imaginaire et les rapports qui se tissent entre cet imaginaire et la façon dont un peuple s’approprie la mer, son littoral et ses ressources.
Nous examinerons plus précisément la persistance de cet imaginaire dans la littérature contemporaine de la frange celtique (Bretagne, Ecosse, Irlande) et des pays scandinaves (Islande), une littérature qui aujourd’hui se re-territorialise et interroge la question de l’appartenance territoriale ou culturelle à une terre ou à un peuple.
Ce projet interrogera également la possibilité d’une nouvelle connivence art, territoire et politique, notamment en étudiant les liens entre les arts maritimes et les discours politiques/ scientifiques (« Croissance bleue », …) qui sensibilisent le public à l’environnement marin et aux nouveaux défis écosystémiques. La multiplication des salons et festivals (Etonnants Voyageurs, Salon du Livre de Concarneau, …) soutenus par les collectivités locales, des expositions mêlant esthétique et scientifique (Océanopolis, Nausicaa, …), des prix littéraires qui mettent le roman maritime à l’honneur, témoigne de cette volonté de recréer une forme de solidarité entre le récit et le territoire, de diffuser et de faire connaître au grand public ces arts maritimes et ces textes littéraires à la fois ancrés dans le terroir et les traditions mais qui s’enrichissent d’horizons et d’ailleurs par cet imaginaire océanique.
Pour tenter d’élaborer une méthodologie de travail et ainsi approfondir cette réflexion qui s’inscrit dans un des cinq axes majeurs de UBL+, « Océans, interface terre-mer et sociétés en transition », nous avons réuni une équipe de 15 chercheurs représentant 5 laboratoires de l’UBO pour proposer, dans le cadre de l’AAP Projet Transverse – BQR – 2015, la création d’un axe inter-dynamique Mer/SHS (HCTI, AMURE, CRBC, CRPCC, LERCCO). Des contacts ont également été pris avec les laboratoires LEMAR et Géoarchi.
Participants HCTI :
Mathilde Caer / Catherine Conan / François Gavillon / Camille Manfredi / Kimberley Page-Jones.