Responsables :
Shannon Wells-Lassagne, Gaïd Girard
Comme Benjamin l’a montré dans son texte fondateur sur L’œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique, l’œuvre d’art a vu son unicité et son authenticité contestées par la transformation de ses conditions de production. L’avènement de la photographie, la bataille entre les procédés de Daguerre et de Talbot qui tourna à l’avantage de ce dernier consacrèrent la possibilité de multiplication d’une même image. L’œuvre d’art perd ainsi son aura unique et entre dans l’ère industrielle de la reproductibilité.
Ce changement fondamental du statut de l’œuvre d’art s’est accompagné de mises en place de protocoles de définition de l’objet d’art : tirages numérotés pour la photographie et la sérigraphie, « final cut » arraché par certains cinéastes (Kubrick). Cependant, la plasticité toujours plus grande des supports tend à virtualiser les œuvres originales, ou du moins à dissoudre la relation classique de fidélité plus ou moins grande entre l’original et la reproduction. Dans ce contexte, la question du pastiche et de la parodie, toujours actuelle et largement exploitée dans une époque d’hypertextualité effrénée s’enrichit de nouvelles manières de faire et de voir.
Le dialogue s’instaure ainsi non seulement entre original, reproduction et interprétation/adaptation, mais entre interprétations, laissant en retrait l’origine d’un schéma narratif ou d’une disposition visuelle. Il se construit aussi par dérivation, l’origine devenant prétexte à des variations de longueur et de surface autonomes, ou par prélèvement de fragments citationnels à partir desquels explorer les possibilités et les limites des médiums visuels.
Migrantes d’un médium à l’autre, de la peinture au cinéma, de la photographie aux installations, de la littérature aux arts visuels, ce sont ces nouvelles formes d’intermédialité qui seront étudiées dans ce nouveau programme de recherche.