« Jardins de femmes », colloque international ouvert à toutes les disciplines scientifiques et à toutes les associations, institutions, champs professionnels, particuliers qui l’ont souhaité a réuni des communications scientifiques, des photographies, des vidéos, une exposition, des visites de jardins, etc. « Jardins de femmes », colloque international ouvert à toutes les disciplines scientifiques et à toutes les associations, institutions, champs professionnels, particuliers qui l’ont souhaité a réuni des communications scientifiques, des photographies, des vidéos, une exposition, des visites de jardins, etc.
Ce site tente de restituer la richesse et la pertinence des échanges autour de la question :
« Mais que font les femmes dans les jardins ? »
Le jardin, réalité biologique, écologique, économique, a une dimension universelle et culturelle. En tant que tel, il est révélateur des choix de société, des inégalités, des conditions de la survie, des organisations de l’espace, des formes idéologiques, etc. Il est aussi lieu d’art et de repos, expression poétique et métaphysique, tout en étant essentiel dans l’économie domestique et la vie familiale.
« Jardins de femmes » interroge la dimension de genre car, dans tout ce qui constitue le jardin, la place des femmes est spécifique et reflète l'ordre social.
Françoise Le Borgne-Uguen
Nicole Roux
Sylvette Denèfle
Commissariat : Sylvette Denèfle, Nicole Roux et Tea Taramino, en collaboration avec Isabelle Demangeat.
Bibliothèque Universitaire de Lettres et Sciences Humaines, UBO 11 avenue Foch, 29200 Brest 11 mai - 14 juin 2023
« Les graines plantées il y a des mois arrivent en potage ou autre mets sur la table. Les fleurs décorent et parfument l’intérieur. Les provisions conservées à la cave rassurent avant l’hiver. Le travail féminin est le fil rouge qui relie toutes les étapes de la transformation des plantes pour la subsistance, la santé et le fonctionnement du foyer, par nécessité économique ou choix écologique. Dans le travail d’Irene Pittatore, les fils qui réunissent avec humour fruits et légumes dans des accouplements inattendus, saugrenus ou doux font écho à la continuité de la présence des femmes du jardin à la table »
Isabelle Demangeat
Irene Pittatore a réalisé l’exposition du colloque « Jardins de Femmes » pour montrer plusieurs recherches en cours autour des interactions entre nature et humanité.
Chi semina vento (Qui sème le vent) est un projet artistique porté par l'envie d'explorer le potager et le jardin comme des espaces de travail et d'apprentissage, d'exercice de l'observation et de l'imagination, de construction de relations.
Chi semina vento (Qui sème le vent)
est un projet artistique qui veut répondre aux besoins et aux désirs du personnel et des patients de Fermata d'Autobus onlus à Oglianico (Turin, Italie) - une communauté thérapeutique pour le traitement de la toxicomanie associée à des troubles psychiatriques, en particulier pour les patientes ayant subi des abus et des violences.
Les œuvres exposées sont issues des ateliers proposés par Irene Pittatore au Coorto, le projet d'horticulture partagé de Fermata d'Autobus et Oglianico 360 Aps (Italie) et à l’Abbaye Notre-Dame de Daoulas (France). La méthode permet de favoriser des expériences de pratiques partagées entre des patient.es, des habitant.es et des étudiant.es.
Les Ricomposizioni (Recompositions)
sont des photographies d'assemblages de légumes et de fruits sur le thème des relations complexes, réalisés en collaboration avec Laura Guercio Coppo. L’assemblage de deux ou plusieurs végétaux, cousus ensemble avec des fils et des points de couture différents, crée des juxtapositions insolites de formes
10 photographies (30x45 cm, édition de 7 exemplaires). 2022
Les Orti da passeggio (Jardins ambulants)
sont de petits pots en terre cuite, à porter en collier, créés pendant des ateliers où chaque participant.e grave ou peint un mot-guide, qui devient invitation à choisir une voie et à garder le cap. Des graines y sont plantées pour germer et grandir.
Une vidéo présente la construction des Jardins Ambulants, la germination des mots-guides, des plantes et des relations humaines au sein du Coorto et à l'Abbaye Notre-Dame de Daoulas. Le parcours se termine par une promenade-performance collective et des témoignages sur le soin et la cohabitation, élaborés à partir d'un lexique agricole : "fertiliser, tasser, semer, désherber, récolter…”.
- 16 pots en terre cuite avec plantes officinales. 2022
Réalisés dans l'atelier de poterie Atelier dei Sensi dirigé par Cristina Mandelli, Turin, et en collaboration avec la jardinière coordinatrice Morgane Le Breton de l'Abbaye Notre-Dame de Daoulas. Participant.es : des jeunes du SESSAD Brestois. Rubans de tissu Melina Benedetto. Prototype réalisé avec Isabelle Demangeat et Alain Durenne de l'Atelier Koroll.
Gaëlle Barbeau
Stéphanie Cariou
Paysagistes conceptrices dans le bureau d’étude en urbanisme, paysage et VRD brestois “A3 paysage”. Retenues sur concours, nous avons été chargées de répondre à la commande de l’abbaye de Daoulas en concevant le jardin des arbres médicinaux. L’idée première était de développer et rééquilibrer les intérêts du parc, afin de créer un ensemble harmonieux avec les terrasses des simples et mettre en scène les autres points majeurs du site, les éléments patrimoniaux, les arbres remarquables ainsi que l’entrée de la salle d’exposition.
Léa Emo-Dambry
Chargée de médiation de l’abbaye de Daoulas. Je travaille pour favoriser les liens entre nos publics et notre site (patrimoine, jardin, expositions) et sa programmation culturelle. Je m’assure que nous accueillons nos publics au mieux et que leurs besoins, intellectuels comme physiques, soient pris en compte.
Morgane Le Breton
Jardinière coordinatrice de l’abbaye de Daoulas. Jai pour mission de planifier et déléguer au quotidien les nombreuses tâches de l'équipe jardin de l’abbaye de Daoulas, afin de valoriser le plus possible notre collection de plantes médicinales, des terrasse des simples jusqu'à l’application de la gestion différenciée et écologique des espaces naturels.
Sandrine Le Moigne
Responsable des parcs et jardins - Chemins du Patrimoine en Finistère. Je porte une politique d’établissement concernant l’entretien des jardins mettant en avant la gestion différenciée et écologique, et la valorisation du patrimoine vivant. Pour cela, je supervise les actions menées par les jardiniers, les entreprises intervenant sur les sites et je gère les budgets dédiés.
Chloé Poirier
Jardinière botaniste de l’abbaye de Daoulas. Je travaille pour l’entretien général du jardin de l’abbaye de Daoulas. Des terrasses des simples en passant par le jardin des arbres médicinaux, le jardin se doit d’être le plus accueillant pour le public pour offrir une balade à la fois ludique et pédagogique.
Pascal Vieu
Responsable des collections végétales. Je gère le suivi des collections végétales des différents sites: inventaire, vérification de l’identité des plantes, développement des collections, projets scientifiques.
Le colloque de mai 2023 a montré la richesse des problématiques liées au regard de genre porté sur les jardins. Dans les arts, l’histoire, la vie politique, économique, quotidienne interroger la dimension de genre dans ce lieu si particulier qu’est un jardin montre comment les normes sociales fondent l’ensemble de notre rapport à l’espace. Mais cela oblige également à réinterroger notre conception de ce qu’est un jardin pour analyser sa perméabilité aux idéologies.
Dans ce moment de notre réflexion, jardins et normes de genre apparaissent comme un croisement fécond pour entrer dans la déconstruction des évidences qui nous gouvernent.
Pour ce faire, nous devons avoir la possibilité de dépasser cette étape pour entrer dans l’étude des concepts essentiels que sont la nature, les inégalités sociales, les impensés culturels qui construisent et maintiennent l’ordre social, dans leurs rapports à l’espace. Cela permettra de comprendre comment ils s’établissent en systèmes normatifs puis s’érigent en stéréotypes, comment ils nous contraignent et font obstacle à des évolutions réelles. En effet, dénoncer voire modifier les pratiques qui génèrent les injustices ne suffit pas à les faire disparaître. Les évolutions du droit français en sont un bon exemple qui écrivent des normes qui ne parviennent pas à s’appliquer dans la vie de tous les jours. Et toute la théorie de l’égalité n’empêche pas les régressions intolérables que nous présentent les politiques conservatrices récentes. Un pas, et même plusieurs, en avant avec Me Too et pourtant la contraception est remise en cause. Un tollé contre les violences sexuelles et pourtant elles se développent, parfois même au niveau des Etats.
La confrontation entre la nature et la civilisation, ce dont le jardin est le prototype, permet d’éclairer les normes culturelles dont celles de genre constituent un pilier. A l’intersection de ces fondations idéologiques, l’entreprise de déconstruction de nos certitudes doit se révéler.
Après le colloque « Jardins de Femmes » et les séminaires qui y ont été associés, nos perspectives de recherche se développent dans des collaborations interdisciplinaires avec des spécialistes de sciences naturelles et avec des artistes.
Avec Véronique Mure, nous avons effleuré une révision de nos idées de beauté des fleurs et des jardins, de fertilité du monde végétal, de vulnérabilité et de soins aux plantes, de force et de modèle de survie. Et cela s’établit dans une évidente association à la beauté des femmes, à leur fertilité, à leur faiblesse et à leur exceptionnelle résilience. Ces déconstructions progressives nous conduisent à des remises en cause civilisationnelles dont nous ne pouvons que constater la nécessité au vu du changement climatique et des destructions environnementales.
Une conversation avec Véronique Mure qui défend le point de vue des plantes décentre notre attention et amorce un mouvement de révolution idéologique que nous voulons poursuivre.
A partir d’un regard de femmes sur les jardins, nous essayons de creuser dans les raisons qui légitiment l’immobilisme dramatique de nos idées. Si la lutte contre les injustices ne suffit pas à les évincer, essayons d’en comprendre les raisons.
Lien vers la vidéo
https://ubotv.univ-brest.fr/video/0934-vmure-sd-ouverture-et-perspectivemp4/
Parallèlement à notre attention au végétal, nous prenons appui sur les travaux du colloque « Jardins de Femmes » pour penser autrement, analyser différemment les évidences de la beauté, de la fertilité ou de la vulnérabilité. Notre approche est ici culturelle. L’analyse sociologique et historique est croisée avec la production artistique. Avec Irène Pittatore qui a participé à nos séminaires et réalisé l’exposition interactive associée au colloque, les questions que nous posons se décryptent à partir d’expressions culturelles et réinterprètent nos certitudes sur la nature des jardins ou des femmes.
Un web-document est en cours d’élaboration pour faire évoluer nos focales théoriques, nos concepts et nos certitudes. Et une fois encore c’est en nous appuyant sur ce qui constitue la fécondité du regard sur « Jardins de Femmes » que nous travaillons. Notre expérience est ici celle de la collaboration entre arts et sciences, non pas pour montrer les résultats des unes par la forme des autres mais pour avancer ensemble dans la déconstruction de nos certitudes.
Le web-document issu de notre collaboration s’élabore à partir de la création d’une œuvre originale d’Irène Pittatore qui donne à voir autrement les concepts sur lesquels nous travaillons.
Web-document (en cours de réalisation pour 2025).