Jean Giono a toujours professé son aversion pour la théorie littéraire, la critique universitaire et la recherche formelle en littérature. Cependant, son œuvre fait montre d’une réflexion constante et foisonnante sur l’écriture, que ce soit dans les romans Naissance de l’Odyssée (1930) et Noé (1947) ou dans ses essais, chroniques et commentaires réunis notamment dans la Série Giono des Cahiers de la NRF (« De Homère à Machiavel », 1986 et « De Monluc à la série noire », 1998) pour ne parler que des textes les plus explicitement métalittéraires. Par ailleurs, les journaux et carnets de Giono, de même que la correspondance et les entretiens, et jusqu’aux notes écrites dans les marges des livres de sa bibliothèque, dressent le portrait d’un écrivain en perpétuels questionnement et renouvellement, loin de l’image du conteur naïf et instinctif qu’il a pourtant nourrie. De ce corpus témoignant d’une recherche en matière de création littéraire, peut-on tirer une poétique de Giono ? C’est ce que cette thèse se propose d’établir à partir de la réflexion de Giono lui-même sur son œuvre.

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Jean Giono, Fragments of a Poetic Art

Abstract : Jean Giono always demonstrated his aversion to literary theory, academic criticism and formal research in literature. But his work shows a constant and abundant thought about writing, for example in his novels Naissance de l’Odyssée (1930) and Noé (1947) or in his essays, chronicles and commentaries compiled in the Cahiers de la NRF, Série Jean Giono (“De Homère à Machiavel”, 1986 and “De Monluc à la série noire”, 1998), which are the most obvious metaliterary texts in his production. More, his diaries and notebooks, his letters and his interviews, and even his marginal notes in the books of his library, draw up the portrait of a writer always questioning and renewing his art. It is not the image of the naive and instinctive storyteller he built himself. From that corpus of documents that prove his research for literary creation, can we form a poetic art of Jean Giono ? That is what we try to do relying on his own thought about his work.