Conférence HCTI – groupe Amériques
Programme : Appartenances dans les Amériques
Jeudi 6 avril – 10h - Cheval Marin, Paquebot, Lorient
Dans le cadre du nouveau contrat quinquennal du laboratoire HCTI, le sous-axe Appartenances dans les Amériques organise une conférence le jeudi 6 avril à Lorient sur la question de l’appartenance à une communauté.
Monsieur Carlo Lavoie, de l’Université de l’Île-du-Prince-Édouard (Canada), viendra en effet à Lorient pour traiter de la question de l’appartenance à une communauté du point de vue acadien, point de vue qui n’est pas abordé par les membres du groupe Amérique de l’équipe HCTI puisque ce groupe ne comporte, pour le moment, que des spécialistes des États-Unis et des pays hispanophones.
La présentation sera la suivante :
« Appartenance à une communauté : un point de vue acadien »
L’auteur Rino Morin Rossignol aborde, à juste titre, la résurgence dans le contexte de la mondialisation «des réflexes autonomistes des petites communautés, la réaffirmation des sentiments identitaires, la revendication des origines, la réappropriation des cultures locales(1)». Pour cet auteur acadien, l’identité ne serait pas seulement liée à une question d’origine, d’ordre ethnique ou géographique, ni à une question de culture mais plutôt à un concours «de circonstances et de connivences(2)». Si l’on suit cette logique, le récit fondateur de l’Acadie, la Déportation qui s’est échelonnée de 1755 à 1758, ne devrait pas être le seul facteur en entrer en considération dans une définition de l’identité acadienne. Il serait possible se considérer « acadien » sans pour autant partager les traits de la figure emblématique Évangéline du poème de l’Américain Longfellow ou de Pélagie de l’auteure acadienne Antonine Maillet. On devrait pouvoir se définir « acadien » sans pour autant partager le folklore – les contes, les légendes, les chansons – issu de la tradition acadienne. Mais si l’on ne peut pas revendiquer des origines acadiennes et se (ré)approprier la culture locale, que reste-t-il du sentiment identitaire ? Peut-on affirmer son appartenance à une communauté sur d’autres bases que l’origine et la culture ?
Question vaste que je me propose d’aborder dans cette communication en dressant d’abord une brève esquisse de la figure de l’Acadien retrouvée dans l’imaginaire littéraire acadien contemporain. Cette figure sera ensuite mise à l’épreuve des faits par une expérience vécue dans la communauté acadienne et francophone de l’Île-du-Prince-Édouard, une communauté qui se veut vibrante au niveau de la chanson et du folklore mais qui se distingue des autres communautés acadiennes des provinces maritimes du Canada car elle n’a pas encore engendré d’œuvres littéraires. La notion d’appartenance sera ainsi confrontée aux notions de territoire, d’exiguïté, mais aussi d’exil, autant de circonstances et de connivences qui habitent une Acadie sans frontière.
Par ailleurs, Monsieur Lavoie participera à un séminaire international sur les entreprises. La présentation, de 3h, portera sur la culture de l'entreprise dans les provinces du Canada atlantique. Il montrera les distinctions culturelles entre les entreprises françaises, canadiennes-françaises et canadiennes-anglaises. Il traitera également des principales sources d'informations pour quiconque veut faire des affaires au Canada.
Conférence et séminaire sont organisés par Mariannick Guennec, mariannick.guennec@univ-ubs.fr dans le cadre du partenariat entre l’Université Bretagne Sud et l’Université de l’Île-du-Prince-Édouard.
(1) Rino Morin Rossignol, « Identité et création littéraire en milieu minoritaire », dans André Magord (dir.), L’Acadie plurielle. Dynamiques identitaires collectives et développement au sein des réalités acadiennes, Université de Poitiers, Institut d’Études Acadiennes et Québécoises / Université de Moncton, Centre d’études acadiennes, 2003, p. 507.
(2) Ibid., p. 508.