Le porteur du projet
Laurent Chauvaud
Dr. Laurent Chauvaud du LEMAR (UMR 6539, IUEM, France) coordonne le Laboratoire International BeBEST. Il possède une expérience de 20 ans sur le fonctionnement des écosystèmes côtiers et sur le rôle des suspensivores dans le contrôle de la production primaire. Ses recherches sont centrées sur l'intégration des facteurs anthropiques (espèces invasives, la pollution ...) et sur l'identification des forçages naturels (NAO ...) affectant les écosystèmes. Il a développé l'utilisation de bivalves comme archives biologiques de l'environnement et, plus récemment, l'utilisation de l'accélérométrie et l'acoustique passive pour la surveillance des écosystèmes. Il est reconnu internationalement pour ses publications (~ 100 communications de rang A) et a participé à 5 projets dans les régions polaires, y compris MACARBI 2005-2008 en Antarctique et BB Polar. Il participe actuellement à plusieurs projets centrés sur le bruit et l'impact du bruit sur les invertébrés marins en milieux polaires et tempérés.
Contexte et modalités
C’est dans un contexte de recherche fondamental sur l'impact des changements globaux que le projet FAC (Fjord de l'Arctique pour la Cerisaie sous la mer) propose, en période de jour permanent, d’associer pour la première fois à une mission au nord-Est du Groenland un écrivain-chercheur, Jean-Manuel Warnet, Maitre de Conférences à l’UBO. Il sera « embarqué » avec Jean Gaumy (Photographe de l'agence Magnum Photographie) dans l’aventure polaire d’une poignée de scientifiques de l’IUEM. Le but de ce travail est d’aboutir à une écriture créative qui présente, autrement que dans le langage et le cercle étroit des spécialistes, les réalités de la recherche scientifique. Notamment dans ses dimensions humaines, dans un domaine (le réchauffement climatique) qui engage le devenir de l’humanité dans son entier. Et aussi dans le sillage de cette formidable aventure qui a vu l’UBO et la ville de Brest devenir le premier pôle européen de recherche dans le domaine de la mer.
Note d'intention de Jean-Manuel Warnet
"Ça commence encore dans une bibliothèque. Avec encore une vue somptueuse pour reposer l’étude et ouvrir les livres au vent du monde. Cette fois, c’est la bibliothèque La Pérouse, qui regarde sur ce goulet par lequel Brest cache son trésor au fond d’une rade secrète. J’ai vue sur l’objet de mes recherches : la mer ; comme auparavant, depuis la Bibliothèque Le Gallo, sur la ville (1). Ça commence toujours dans une bibliothèque. Après Le Gallo La Pérouse. Après l’histoire, l’exploration.
Ça commence dans les livres et ça se poursuivra dans le vent du monde. En son très loin, en son très haut : à Daneborg, Groenland, une station scientifique perdue à la sortie du fjord Young Sound, dans un désert de glace, bien au-dessus du cercle polaire. J’y accompagne pour une résidence d’artistes trois chercheurs de l’Institut Universitaire Européen de la Mer : Frédéric Olivier, Laurent Chauvaud, Jacques Grall, un chercheur du Muséum National d’Histoire Naturelle : Frédéric Olivier, et un photographe de l’agence Magnum Photos : Jean Gaumy. « Pourvu qu’on arrive avant la débâcle », avant que le couvert de glace ne commence à fondre. Enfin on l’espère. Nous y serons début mai 2018, juste avant la saison d’été.
Ça commence dans les livres et ça se poursuivra peut-être par un livre. Enfin on l’espère. Car si je vais là-bas, si loin, si haut, dans le vent du monde, c’est pour écrire. Je ne sais pas encore quoi ni comment. Je sais seulement ce que ça ne sera pas : un reportage journalistique, un récit de voyage, ou un article de vulgarisation scientifique. Je sais aussi ce que je fuirai : l’obscénité du pittoresque dont le Grand Nord est devenu l’ultime frontière. Au Groenland, ils appellent cela « le tourisme de la dernière chance ». Cocktail sur la banquise avec Inuit pour la photo et ours blanc pour le frisson. Si je vais là-bas, si loin, si haut, c’est aussi pour enregistrer des sons, malgré le vent du monde qui est si difficile à capter. Du son à Young Sound, en espérant qu’il soit jeune. On m’a prévenu : là-bas il n’y a que le silence ; ça tombe bien, je veux enregistrer le silence.
Une dernière chose : je sais que, livre ou création sonore ou les deux, ça s’appellera Avant la débâcle.
On ne peut pas écrire avant d’avoir vécu. Tout changera sans doute quand le réel me soufflera en plein visage. Pour l’instant, j’explore une voie dont je ne peux donner que les prémices. C’est une forme, inspirée de Michel Butor ou de Jean Genet, une structure polyphonique qui permette de confronter sans les altérer (et parce que pour l’instant je ne parviens pas à les concilier) des voix multiples : sur la page donc des blocs de textes épars, se lisant en quelque sorte comme une partition, aussi bien horizontalement (dans l’entrechoc de deux blocs contigus) que verticalement (dans la suite linéaire d’une colonne).
(1) : Gwénaëlle MAGADUR, Jean-Manuel WARNET, La Ligne bleue. Brest palimpsestes. Editions Dynamo, 2018. Ce livre à paraître trouve en effet sa genèse dans mes recherches au sein de la Bibliothèque Le Gallo du Centre de Recherches Bretonnes et Celtiques (UBO), autour de l’histoire des fortifications de Brest.
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