Elles font la science à l'UBO

Le
Journée internationale des femmes et filles de science
Femmes et filles de science

Dans le cadre de la journée internationale des femmes et filles de science, qui se tient chaque année le 11 février, zoom sur les techniciennes, ingénieures, doctorantes et chercheuses de l’UBO qui font avancer la recherche et mènent des projets scientifiques innovants au service de la société.

Instaurée en 2015 par l’Assemblée générale des Nations Unies, la journée internationale des femmes et des filles de science a pour objectif d’encourager les femmes à s’engager dans des filières et des carrières scientifiques et techniques. Alors même que les filles obtiennent de meilleurs résultats en sciences que les garçons dans le secondaire, les femmes sont encore aujourd’hui trop peu représentées dans les parcours scientifiques et techniques de l’enseignement supérieur. Une fois insérées dans la vie professionnelle, les femmes sont aussi moins nombreuses que les hommes à exercer des métiers scientifiques et techniques ou à évoluer dans l’univers des sciences. C’est le cas notamment dans le domaine de la recherche.

Les freins et les leviers d’amélioration ont été identifiés, notamment par l’Association Femmes et Sciences : lutter contre les stéréotypes, changer le regard sociétal et influencer l’environnement familial via des actions pédagogiques et de médiation dans les écoles, les collèges et les lycées, former et sensibiliser les enseignantes et enseignants sur le sujet, valoriser les femmes scientifiques lors de grands temps forts comme la Fête de la Science ou la Nuit des chercheurs, développer des politiques d’égalité femme-homme actives dans le monde professionnel depuis le recrutement jusqu’à l’équilibre des temps de vie... Soucieux de garantir l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, que ce soit dans le domaine de la recherche et plus globalement au sein de toute la communauté universitaire, le Président de l’UBO, Pascal Olivard, a nommé en 2024 lors de sa réélection, une vice-présidente dédiée à l’égalité femme-homme et à la lutte contre les violences sexistes et sexuelles. 

Dorothée Guérin travaille notamment à la mise en oeuvre d’un plan d’action ambitieux, dont les objectifs sont : permettre une véritable égalité dans les conditions de travail et d’évolution de carrières et une meilleure conciliation vie personnelle et vie professionnelle.

Dorothée Guérin_rond

« L’Université a une responsabilité, celle d’être exemplaire et démonstratrice pour l’ensemble de ses étudiantes et étudiants ainsi que pour l’ensemble de ses personnels. L’UBO est ainsi pleinement impliquée sur le sujet de l’égalité professionnelle entre les hommes et les femmes depuis 2012. Un engagement fort que je poursuis aujourd’hui en pilotant un plan d’action Égalité 2024-2028 qui sera mis en œuvre pour le printemps 2025. Il illustre auprès des étudiantes et étudiants et de tous les personnels de l’UBO la mobilisation de l’Université au service de la mixité des métiers, et entre autres, des vocations et carrières scientifiques des femmes. Nous allons notamment multiplier des actions de sensibilisation et d’information sur la mixité des métiers auxquels forme l’Université, lors de la présentation de nos formations auprès des lycéennes et lycéens, mais aussi à l’occasion des différents salons d’orientation comme Azimut ou lors des portes ouvertes. Sera également développé, un processus de mise en valeur des profils de personnels féminins à travers une galerie de portraits de femmes parmi les personnels UBO. Nul doute, que dans le cadre de cette exposition itinérante, les femmes scientifiques, personnels de l’UBO, seront valorisées. »

Dorothée Guérin, vice-présidente en charge de l'égalité femme-homme et de la lutte contre les VSS à l'UBO

Au sommaire

À l'échelle nationale

Seulement 32 % des lycéennes ont choisi deux enseignements de spécialité scientifique en terminale générale contre 50 % des lycéens.

  • Les femmes représentent plus de la moitié des étudiants de l’enseignement supérieur (56 %).
  • À l’université, 32 % des étudiants en sciences fondamentales sont des femmes.
  • La part des étudiantes n’est que de 30 % dans les filières d’ingénieurs.
  • 40 % des enseignants-chercheurs à l’université sont des femmes, dont seulement 24 % en physique.

Sources : Enseignement supérieur et recherche - vers l'égalité femmes-hommes ? (chiffres 2022)

À l'UBO - les effectifs dans les filières scientifiques

Sur l’ensemble de la communauté étudiante UBO, on compte 59,13 % d’étudiantes.

Elles sont :

  • 42,40 % d’étudiantes à l’UFR de sciences et techniques.
  • 57,96 % à l’IUEM.
  • 79,67 % à l’ESIAB Brest et 66,07 % à l’ESIAB Quimper.
  • 67,32 % en médecine.

À l’UFR de lettres et sciences humaines, il y a 71,02 % d’étudiantes sur l’ensemble des étudiants inscrits. En droit et sciences économiques, on compte 64,96 % d’étudiantes.

Chiffres 2024

À l'UBO - après leurs études universitaires ?

Une enquête en date du 1er décembre 2023, conduit par l’Observatoire des Parcours de Formation et de l’Insertion Professionnelle de l’UBO, montre que :

  • Le taux d’insertion professionnelle des femmes, 6 mois après avoir obtenu leur diplôme de Master en Science et Techniques à l’UBO en 2021-2022 est de 80,3 %. Pour les hommes, il est de 82,7 %

Exemples de métiers exercés : actuaire, chargée d’études ou de mission (urbanisme, aménagement, environnement,...), ingénieure (surtout en informatique), consultante, cheffe de projet, régisseuse, assistante son, ingénieure-chercheure, enseignante...

  • Le taux d’insertion professionnelle des femmes, 6 mois après avoir obtenu leur diplôme de Licence Professionnelle en Sciences et Techniques à l’UBO en 2021-2022 est de 95,1%. Pour les hommes, il est de 95,8 %.

Exemple de métiers exercés : technicienne de laboratoire, assistante ingénieure, dessinatrice industrielle, salariée agricole, comptable, commerciale...

Après leurs études supérieures, les femmes ont ainsi un taux d’insertion professionnelle quasi-équivalent à celui des hommes, avec la possibilité d’exercer un vaste panel de métiers.

À l'UBO - les personnels

  • 40,75 % des enseignants-chercheurs de l’UBO sont des femmes (302 femmes et 439 hommes).
  • 37 femmes et 114 hommes sont professeurs des universités.
  • 55,83 % des doctorants de l’UBO sont des femmes (110 femmes et 87 hommes).

Chiffres 2023

Françoise Conan

Enseignante-chercheure, professeure des universités au laboratoire de chimie électrochimie moléculaires et chimie analytique (CEMCA) de l’UBO et présidente de l’association Femmes et Sciences.

« J’ai toujours entendu parler de sciences à la maison. Au lycée, je me suis donc orientée tout naturellement vers une filière scientifique, c’était pour moi une évidence. »

Pouvez-vous revenir sur votre parcours de fille et de femme de science ? 

J’ai eu la chance de grandir dans un environnement familial qui a favorisé mon appétence pour les sciences. Ma mère était professeure de mathématiques. Mon père était météorologiste. Il nous parlait de physique, de la mécanique des fluides... Ces termes scientifiques ne m’ont ainsi jamais fait peur. J’ai toujours entendu parler de sciences à la maison. Au lycée, je me suis donc orientée tout naturellement vers une filière scientifique, c’était pour moi une évidence. En classe, je ne me suis jamais sentie marginale, nous étions un groupe de filles très bien intégrées. À l’université, j’ai fait le choix d’étudier les sciences de la vie. Et très rapidement, je me suis rendue compte que, certes, j’aimais beaucoup la biologie, mais c’est finalement la discipline chimique qui m’a tout de suite parlé. C’était un bon compromis entre la théorie, l’observation et la pratique.

Très vite, je me suis orientée vers une deuxième année en chimie, et j’ai continué jusqu’au doctorat. J’avais cette envie d’aller au maximum de mes études. Je voyais de plus que j’avais l’opportunité d’avoir un financement pour une thèse. Et les études à l’université, c’est passionnant, je m’y suis beaucoup épanouie. Avoir la possibilité de faire ses études supérieures près de chez soi à un coût accessible, c’est un levier essentiel pour s’y engager et y persévérer. J’ai pu ensuite obtenir un poste d’enseignante-chercheure à l’Université de Tours. Et de fil en aiguille, je suis revenue à Brest en tant qu’enseignante-chercheure puis professeure des universités au sein de l’UBO.

J’ai longtemps été la seule professeure des universités en chimie à l’UBO, aujourd’hui nous sommes deux ! J’ai également été responsable du département de chimie, responsable de masters et de licences professionnelles. J’ai encadré de nombreux stagiaires, doctorantes et doctorants. J’ai été par ailleurs la première chargée de mission égalité femme-homme de l’université, en 2012. Dans ce cadre, j’ai dressé un état des lieux de la représentation des femmes au sein des personnels, ainsi qu’au sein de la communauté étudiante de l’UBO. À la suite de cet état des lieux, nous avons mis en œuvre différentes actions que Dorothée Guérin, vice-présidente en charge de l’égalité femme-homme et de la lutte contre les VSS, poursuit aujourd’hui.

Pourquoi les filles et les femmes s’engagent-elles moins dans des études et une carrière scientifiques ? 

C’est au collège que nous constatons un certain déclin de l’intérêt des filles pour les sciences, alors qu’elles réussissent autant, voire mieux que les garçons. Les causes sont multifactorielles : stéréotypes de genre qui perdurent, pressions sociétales ou encore environnement familial. Par ailleurs, depuis la réforme du lycée général de 2019, le nombre d’heures enseignées en sciences a beaucoup baissé, selon les spécialités choisies par les lycéennes et lycéens, avec pour conséquence un impact non négligeable sur l’orientation vers des filières puis des métiers scientifiques. Résultat, les filles sont globalement moins nombreuses à s’engager dans des études en sciences de l’ingénieur, mécanique, informatique, mathématiques et physique, alors qu’une grande diversité de métiers peut pourtant s’offrir à elles.

Quels sont les leviers pour susciter les vocations et encourager les carrières scientifiques ? 

Nous sommes, au sein de l’association Femmes et Sciences, convaincues que l’information, la sensibilisation et la médiation sont de puissants leviers. Depuis sa création en 2000, le nombre d’adhérentes et adhérents à l’association Femmes et Sciences n’a cessé d’augmenter. Aujourd’hui, nous sommes ainsi plus de 550 adhérentes et adhérents, ce qui nous permet de déployer et de maximiser nos démarches auprès d’élèves, collégiennes et lycéennes. En 2024, nous avons rencontré plus de 17 000 élèves, collégiennes, collégiens, lycéennes et lycéens. Notre objectif est notamment de nous adresser à un public qui n’a pas accès ou qui n’ira pas chercher des informations sur les études et métiers à caractère scientifique. Afin de les inciter à se tourner vers les sciences, des jeunes femmes scientifiques aux parcours inspirants, venant de différents milieux sociaux et auxquelles les filles peuvent s’identifier, viennent témoigner avec nous dans les classes.

À chaque fois, nous constatons que ces actions intéressent les élèves, elles et ils sont curieux, posent beaucoup de questions. Nous souhaitons également que les femmes venant échanger avec les élèves ne soient pas uniquement chercheures ou doctorantes, mais représentent la diversité des disciplines et des métiers scientifiques qu’il est possible d’envisager : technicienne, ingénieure, assistante ingénieure, assistante de recherche... Nous voulons ainsi montrer qu’il n’est pas nécessaire de faire de longues études scientifiques pour s’épanouir professionnellement dans les sciences.

Pour contribuer à changer le regard sur les femmes et les sciences, nous organisons aussi des expositions, dans toute la France et à l’international, avec des portraits de femmes scientifiques. L’association Femmes et Sciences offre aussi un réseau d’entraide et d’accompagnement, en partenariat avec l’association Femmes Ingénieurs et l’association Femmes et Mathématiques, auprès des femmes scientifiques exerçant dans différents secteurs, publics comme privés. En 2023, plus de 300 doctorantes ont, par exemple, bénéficié de notre mentorat.

L’association Femmes & Sciences

Fondée en 2000, Femmes & Sciences est une association loi de 1901 qui regroupe actuellement plus de 500 membres, femmes et hommes, pour la plupart scientifiques de toutes disciplines, qui partagent ses objectifs. Elle est également soutenue par 31 personnes morales qui lui permettent de déployer ses actions sur tout le territoire : promouvoir les femmes scientifiques ; inciter les jeunes, et particulièrement les filles, à s’engager dans des carrières scientifiques; constituer un réseau d’entraide.

www.femmesetsciences.fr

Elisabeth Poirier

Elisabeth Poirier : « En biologie, il n’y a pas de problème à être une femme, puisqu’on est majoritaires. »

Vous faites quoi dans la vie ?

Je suis assistante ingénieure à l’ESIAB et au LUBEM, spécialisée en biochimie, et mes missions concernent aussi bien l’enseignement que la recherche. Pour l’enseignement, je participe à la mise en place des travaux pratiques, mais aussi à l’encadrement des étudiantes et étudiants. En ce qui concerne la recherche, je suis responsable de l’analyse chromatographique liquide ou gazeuse liée à la spectrométrie de masse*. J’analyse des métabolites, principalement des mycotoxines produites par des champignons filamenteux.

Pourquoi les sciences ?

J’ai toujours aimé les sciences et en particulier la biologie. Après le bac, j’ai continué à l’IUT de biologie de Brest, puis plus tardivement, vers 35 ans, j’ai repris une licence de biologie cellulaire et physiologie tout en travaillant à l’UBO.

Pendant vos études, vous avez croisé beaucoup de femmes ?

Oui, c’est différent des autres disciplines, en biologie nous sommes une majorité de femmes.

Être une femme, ça change quoi ?

Ça ne change pas grand-chose finalement, il n’y a pas de problème à être une femme en biologie, puisqu’on est majoritaires. Cependant, dans notre laboratoire, tous les chefs sont des hommes ! On voit quand même qu’il y a un plafond de verre.

Quel est votre meilleur souvenir en tant que scientifique ?

Continuer à me former sur tous les instruments sur lesquels je travaille aujourd’hui. Au début de ma carrière, je n’aurais jamais pensé avoir l’opportunité de travailler sur une telle diversité d’outils, je suis contente qu’on ait pu me faire confiance. Et puis, obtenir mon concours d’assistante ingénieure en septembre 2024 !

* Technique d’analyse permettant de séparer, d’identifier et de quantifier des composés organiques.

Gaëlle Friocourt

Gaëlle Friocourt :
« La recherche pour la passion »

Vous faites quoi dans la vie ?

Je suis chercheuse en génétique à l’Inserm.

Pourquoi la recherche ?

Pour la passion. Je suis passionnée par la génétique depuis le lycée, j’ai tout de suite voulu faire de la recherche. C’est un travail où l’on apprend constamment, chaque journée est différente et représente un challenge pour moi.

Quel est votre meilleur souvenir en tant que chercheuse ?

Il y en a plusieurs. Il y a lorsque des publications importantes sont acceptées, mais aussi lorsque l’on découvre, en conférences, des progrès drastiques dans le traitement des pathologies sur lesquelles on travaille. Ce sont des moments hyper marquants. Quand on voit que les patients vont bien mieux, que l’on a contribué à leur guérison.

Être une femme, ça change quoi ?

Être une femme, ça complique les choses. Même si la biologie est une discipline où il y a beaucoup de femmes, on nous demande de faire davantage nos preuves. En tant que femme, on n’est pas toujours bien vue par certains hommes. C’est plus compliqué d’arriver aux mêmes postes que nos collègues hommes, car on est souvent oubliées. Et puis, en plus d’être chercheuse, je suis maman, et je rencontre cette difficulté à réussir à cumuler les deux, à me rendre disponible à la fois pour le professionnel et pour le familial.

ChercheurE ou cherchEUSE ?

Chercheuse. Je suis très impliquée dans la parité femme-homme, mais je suis moins sensible à la féminisation des noms, cela représente un détail pour moi, à côté de tous les chantiers sur lesquels on doit déjà travailler. Mais je comprends mes collègues femmes pour qui c’est important.

Audrey Fontaine

Audrey Fontaine :
« J’ai toujours aimé comprendre comment ça marche, concrétiser des idées et trouver des solutions »

Vous faites quoi dans la vie ?

Je suis cheffe de projet et ingénieure d’études au sein du Laboratoire d’économie et de gestion de l’Ouest (LEGO). J’y ai d’abord développé le projet européen Cool Food Pro, et je coordonne aujourd’hui le projet ANR France 2030 PROMALG-Health, grâce à 10 ans d’expertise sur l’alimentation durable et les transitions. Je participe également à d’autres activités du LEGO : montage et mise en place de projets, participation à la Chaire PADE, aide logistique, communication...

Pourquoi les sciences ?

Les technologies et les innovations m’ont toujours inspirée. J’ai besoin de pouvoir manipuler et d’expérimenter. Lorsque j’étais en classe préparatoire physique, technologie et sciences de l’ingénieur, j’ai appris à faire du fraisage, du tournage, de l’électronique, et cela m’a beaucoup plu. Les sciences, pour moi, ne peuvent pas être juste théoriques et cérébrales.

Pourquoi l’ingénierie ?

J’aime le côté « couteau-suisse » de mon métier, la possibilité de concrétiser des idées innovantes, de pouvoir monter et conduire des projets de A à Z, en associant rigueur scientifique, pragmatisme, créativité et esprit d’entreprendre. Mais ce qui me plaît le plus, c’est de mettre les différentes actrices et acteurs d’un projet en réseau, pour créer de nouveaux dispositifs les plus interdisciplinaires possibles et qui ont une véritable utilité sociale.

Quel est votre meilleur souvenir en tant qu’ingénieure ?

C’est lorsque l’on a expérimenté avec l’UBO Open Factory deux outils low tech dans le cadre du projet Cool Food Pro : une borne de satisfaction que l’on a entièrement conçue avec de la récup’ et la création d’un outil de médiation, avec un globe terrestre connecté à une assiette, permettant de modéliser comment un plat (lasagnes, omelette, dahl de lentilles...) a un impact sur le changement climatique. Cette démarche, mêlant design thinking, intelligence collective, intelligence émotionnelle et rigueur scientifique, était passionnante.

Être une femme, ça change quoi ?

Je n’ai jamais ressenti que le fait d’être une femme pouvait être un frein. J’ai eu la chance d’avoir toujours été très entourée, avec beaucoup de bienveillance. J’ai toujours veillé aussi à m’entourer de collègues, coéquipières et coéquipiers avec lesquels je me sentais en confiance et partageais des valeurs communes.

Eline Le Moan

Eline Le Moan :
« J’ai toujours adoré la recherche, avant même de savoir ce que c’était »

Vous faites quoi dans la vie ?

Je réalise une thèse de doctorat en biologie marine. Je m’intéresse aux problématiques des contaminations de coquilles Saint-Jacques par une phycotoxine*. J’utilise la modélisation, je suis donc principalement derrière un ordinateur.

Pourquoi la recherche ?

J’ai toujours aimé partir d’une problématique, définir quelles questions se poser, imaginer comment trouver des réponses, mettre en place les méthodes et mener des analyses pour obtenir des résultats. J’ai adoré réaliser cette séquence de travail, avant même de savoir que ça s’appelait de la recherche. Aujourd’hui, j’ajouterais les collaborations et les possibilités de travail en équipe, qui me font aimer la recherche encore plus.

Quel est votre meilleur souvenir en tant que chercheure ?

Très récemment, grâce à une collaboration avec un chercheur chilien, j’ai eu l’opportunité d’aller sur le terrain à l’Île de Pâques. C’était une expérience très enrichissante, aussi bien professionnellement que personnellement.

Être une femme, ça change quoi ?

Être une femme, ça peut changer beaucoup de choses, surtout avant les études, car on peut être moins poussée dans certains domaines. Mais j’ai eu la chance d’être entourée de personnes qui ne font pas la différence. Pendant mes stages notamment, j’ai surtout eu des encadrantes qui ont été des modèles pour moi. En tant que femme, surtout dans le domaine de la modélisation et des mathématiques, on a envie de prouver que c’est possible.

ChercheurE ou cherchEUSE ?

Chercheure. Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai l’impression que « chercheuse » n’est pas au même niveau que « chercheur », même si on entend moins la féminisation.

*Toxine produite par une microalgue

Nelly Kervarec

Nelly Kervarec :
« La science, c'est ma madeleine de Proust »

Vous faites quoi dans la vie ?

Je suis ingénieure d'études. Depuis huit ans, je travaille sur la plateforme technologique de spectrométrie de masse* de l’UBO. C’est une plateforme commune qui permet de réaliser des analyses spectrométriques dans les domaines de la chimie, de la biochimie, de la biologie et de la médecine. Avant cela, j’ai travaillé pendant 27 ans sur la plateforme RMN-RPE*.

Pourquoi les sciences ?

Depuis toute petite, j’ai toujours voulu travailler dans un laboratoire. Mon grand-père était magasinier en pharmacie, et j’adorais l’accompagner. Les odeurs, les sons... C’est un peu ma madeleine de Proust !

Est-ce que c’est un milieu féminin ?

Pendant très longtemps, à la faculté de sciences, on disait que certaines disciplines étaient genrées : en chimie, les femmes ; en physique, les hommes. C'était aussi le cas dans les laboratoires de chimie de l'UBO, même si les postes de professeurs sont malheureusement encore plutôt portés par des hommes.

Être une femme, ça change quoi ?

J’ai l’habitude de dire que les hommes et les femmes n’ont pas la même approche, notamment dans le travail en équipe. Les deux sont complémentaires : les hommes stimulent l’équipe par leur propre recherche, tandis que les femmes font davantage avancer le collectif au sein du laboratoire.

Quel est votre meilleur souvenir en tant que scientifique ?

J’en ai pleins… mais si je devais en citer deux, je dirais d’abord la soutenance de thèse de Christelle Simon de l'Ifremer. Une de ses diapositives illustrait en 20 secondes un travail d’identification de molécules qui nous avait pris deux ans, car les techniques utilisées étaient toutes nouvelles. En la regardant, je me suis dit : “On a fait ça !”. Et puis, le colloque organisé dans le cadre de la Semaine de la recherche 2020, où, avec mes collègues, on s’est mis dans la peau des Experts de l’UBO !

*Technique d’analyse qui permet de déterminer les masses moléculaires de composés d’intérêt.

*Plateforme de résonance magnétique nucléaire utilisée principalement en chimie et science des matériaux pour identifier, caractériser, quantifier et étudier les dynamiques moléculaires de composés d’intérêt.

Elisabeth Guillou

Elisabeth Guillou :
« C’est formidable de travailler sur des projets qu’on aime avec des collègues qu’on apprécie ! »

Vous faites quoi dans la vie ?

Je suis professeure en psychologie sociale et environnementale et directrice du site brestois du laboratoire LP3C. J’ai trois missions principales : enseigner en licence, en master et accompagner les doctorants ; faire de la recherche, la mission qui m’intéresse le plus, car elle est en lien avec l’enseignement, mais à laquelle je consacre finalement le moins de temps ; et assurer la gestion administrative, qui est très chronophage.

Pourquoi la recherche ?

À la base, ce n’était pas une ambition particulière. J’étais une élève plutôt moyenne au lycée, mais la psychologie à l’université m’a tout de suite passionnée, et j’y ai découvert que j’étais plutôt douée. Tout au long de mon parcours, j’ai saisi des opportunités qui m’ont permis de continuer dans ce domaine et de poursuivre en thèse.

Quel est votre meilleur souvenir en tant que chercheure ?

Il y a quelques années, j’ai obtenu pour la première fois mon propre projet de recherche. Je suis retournée sur le terrain, comme si j’étais à nouveau en thèse, et ça m’a vraiment reboostée. Ce que je préfère dans mon métier, c’est le travail de terrain et les rencontres : échanger avec mes collègues et travailler sur des sujets qui me passionnent dans un cadre de sociabilité, c’est formidable.

Être une femme, ça change quoi ?

Comme dans tous les métiers, voire dans la vie en général, je pense que cela demande plus d’énergie d’être une femme : pour justifier sa place, pour concilier vie professionnelle et personnelle... Je n’ai pas le sentiment d’avoir subi de discrimination directe dans mon milieu professionnel, mais je me voilerais la face si je disais que cela ne change rien. Les femmes ont souvent plus de barrières à lever que les hommes. De mon côté, j’ai eu la chance d’être soutenue, et ça aide !

ChercheurE ou cherchEUSE ?

J’utilise les deux selon le contexte : plutôt "chercheure" à l’écrit, notamment dans un souci d’écriture inclusive, et "chercheuse" à l’oral, pour bien marquer la féminisation du terme.