Grand Entretien : Yann Rabuteau, nouveau directeur de cabinet

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UBO
Portrait de Yann Rabuteau
Yann Rabuteau vient de prendre ses fonctions de directeur de cabinet du président de l’UBO. Ce n’est pas la première fois que cet homme très attaché à son territoire passe les portes de notre université. D’abord étudiant en droit maritime, puis doctorant et enseignant, et enfin partenaire via le réseau ALLEGANS, Yann Rabuteau a ainsi, tout au long de son parcours, entretenu des rapports très étroits avec l’UBO. Après plusieurs années en tant qu’attaché parlementaire, il accompagne désormais Pascal Olivard, le président de l’UBO, et son équipe, dans le déploiement de l’ensemble des orientations stratégiques de l’Université. Entretien.

Pouvez-vous nous en dire plus sur votre parcours ?

Yann Rabuteau : J’ai un fort ancrage breton et maritime. Mon père était en effet officier de Marine. Si, comme beaucoup de familles de marins, nous avons souvent déménagé au gré des affectations de mon père, ma famille a ses attaches depuis des générations à Lanildut. Enfant, j’ai été marqué par le naufrage de l’Amoco Cadiz. Je garde d'ailleurs encore en mémoire, comme beaucoup j'imagine, l'odeur de mazout. Ce n’est donc pas un hasard si je me suis orienté vers le DESS* en droit des activités maritimes à l’UBO. 

Coïncidence, signe du destin ? Lors de mon stage de fin d'études au port autonome du Havre, j'ai de nouveau été confronté à une pollution par un pétrolier. J'ai ensuite rejoint le Cedre, association à mission de service public experte en pollutions accidentelles des eaux, où j'ai pu appréhender les aspects juridiques du nettoyage des sites pollués.

C’est lors de ce dernier stage d’un an qu’est née l’envie de conduire un sujet de recherche sur la façon dont, juridiquement, on répare et on indemnise à la suite d’une pollution marine. En 1998, j’ai commencé des études doctorales au sein du Centre de droit et d'économie de la mer (CDEM, aujourd’hui EDSML). Un nouveau naufrage, celui de l’Erika en décembre 1999, m'a finalement fait prendre une autre direction. Cette pollution majeure, qui a touché 4 départements, a très fortement impacté la Bretagne. Les attentes sociétales en matière de réparation n’étaient plus les mêmes qu’à l’époque de l’Amoco Cadiz. Les autorités publiques ont ainsi beaucoup sollicité l’UBO, particulièrement le CDEM, pour que nous leur apportions notre expertise sur les systèmes de réparation des pollutions marines. J’ai pris alors conscience que les questions maritimes, indépendamment d’une catastrophe comme L’Erika, constituent un ensemble de compétences, un ensemble d’acteurs et un espace de développement à tout point de vue. Afin de mieux faire connaître l’ensemble de la chaîne de valeur des activités maritimes aux acteurs publics et privés, j’ai décidé de monter un bureau d’études, le Réseau ALLEGANS, avec mon camarade doctorant Christophe Marques. 

Vue aérienne de l'IUEM

Aujourd’hui, Le master Droit des espaces et des Activités maritimes est l’un des huit masters du domaine « Sciences de la mer et du littoral » de l’IUEM.

Quelles sont les missions du Réseau ALLEGANS ?

Y. Rabuteau : L’objectif du Réseau ALLEGANS est d’apporter aux acteurs publics et privés une expertise sur des questions juridiques, institutionnelles, politiques et publiques. Nous traitons aussi bien des énergies marines renouvelables que de la gestion des espaces maritimes, l’application de la loi littoral, les cultures marines, le transport, l’économie, l’environnement ou encore la sécurité. Tous ces sujets sont aujourd’hui très connus mais ce n’était pas le cas à l’époque de la création d’ALLEGANS, au début des années 2000. Un exemple de projets structurants auxquels nous avons contribué avec l’UBO : le projet COCORISCO « COnnaissance, COmpréhension et gestion des RISques Côtiers » financé par l’Agence Nationale de la Recherche. De 2011 à 2014, nous avons travaillé sur la compréhension des risques côtiers liés à la mobilité du trait de côte et à ses conséquences en termes d’érosion et de submersion. 

Durant ces 20 années à la tête d'ALLEGANS, quels étaient vos liens avec l'UBO ?

Y. Rabuteau : Le Réseau ALLEGANS a travaillé sur de nombreux projets avec des laboratoires de l’UBO. J’ai par ailleurs enseigné pendant six ans à l’IUT de Brest-Morlaix en GEA (Gestion des Entreprises et Administrations) ainsi qu’en master de droit des activités maritimes. Aujourd’hui encore, je donne quelques heures de cours. C’est un métier très enrichissant, en termes d’échanges avec les étudiants, de méthode et de pédagogie. 

Comment s’est opéré le virage vers le politique ?

Y. Rabuteau : En 2016-2017, j’ai eu le souhait de mettre mes compétences en sciences maritimes et en innovation entrepreneuriale au service des collectivités et institutions publiques, à travers l’engagement politique. C’est ainsi que je suis devenu collaborateur parlementaire d’un député du Finistère pendant 7 ans. Une expérience encore une fois passionnante et enrichissante. 

Pourquoi avez-vous souhaité rejoindre l’UBO en tant que directeur de cabinet ?

Y. Rabuteau : Nous en avons déjà parlé, je n’ai jamais vraiment quitté l’UBO au cours de ma carrière. Je connais par ailleurs le président de l’Université, Pascal Olivard, depuis plusieurs années. Nous partageons, lui et moi, une vision et des valeurs communes sur le rôle de l’UBO en tant qu’actrice majeure du territoire, de son dynamisme économique et de son attractivité. Nous avons également la même ambition, chevillée au corps, de faire rayonner plus encore les atouts de l’Université à l’échelle nationale et internationale. Lors de sa réélection, fin mars 2024, Pascal Olivard m’a proposé de rejoindre son équipe comme directeur de cabinet et j’ai immédiatement accepté de relever ce nouveau défi professionnel, qui s’inscrit dans la continuité de mes engagements au service du territoire et de mon attachement profond à l’UBO.  

Quelles vont être vos missions au sein du cabinet de l’UBO ?
 

L’UBO m’a beaucoup donné, et j’ai envie à mon tour de lui donner le plus possible.

Y. Rabuteau : Mon rôle est de veiller à la cohérence et au déploiement des grandes orientations stratégiques de l’Université, conduites par le président et son équipe de vice-présidents. J’ai notamment pour mission de renforcer et de développer nos relations avec les acteurs du territoire, mais aussi d’échanger avec les responsables politiques qui font partie intégrante de la stratégie territoriale. Avec pour objectif d'asseoir le positionnement de l’UBO que nous avons évoqué précédemment et de contribuer à faire rayonner l’université à tous les niveaux. Ma mission est aussi de valoriser, accompagner et de conseiller le président sur l’ensemble de ses actions. Je suis également amené à le représenter, le cas échéant. Toutes ces missions vont m'amener à travailler étroitement, en interne, avec les services, directions et composantes de l’UBO sur de nombreux projets structurants.

L’UBO m’a beaucoup donné, et j’ai envie à mon tour de lui donner le plus possible. J’ai eu un parcours scolaire compliqué, et c’est à l’université que je me suis vraiment épanoui, intellectuellement et personnellement, grâce notamment à des enseignants-chercheurs incroyables. Il est essentiel de défendre ce modèle, qui permet de rendre accessible à tous la connaissance et d’apporter aux générations actuelles et futures un bagage solide pour construire leur parcours professionnel.
 

Sur l’ensemble des universités françaises, 47 ont un directeur de cabinet. Les directeurs de cabinet sont regroupés en association, l’association des directeurs de Cabinet de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche. 
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* Diplôme d'études supérieures spécialisées, aujourd’hui appelé master 2.